Editorial du journal d’Octobre 2017: Au nom de quoi nous agissons

Une nouvelle année s’ouvre pour Mémoire 2000, avec une pensée émue pour Bernard Jouanneau notre président fondateur disparu en juin.

En cette rentrée scolaire, nous reprenons son action tournée vers les lycéens et collégiens. Les professeurs retrouvent leurs élèves et la question essentielle : comment informer et prévenir la jeunesse face au racisme, à l’antisémitisme, aux atteintes aux droits de l’homme, aux violences faites aux femmes, aux discriminations en raison des origines ? Le nom « Mémoire 2000 » dit nos intentions : entretenir auprès des jeunes générations la mémoire des crimes contre l’humanité et des violences exercées au nom d’une origine, d’une religion, d’une idéologie. Le XX° siècle a vu se multiplier les crimes de masse : en 1915, le génocide arménien en Turquie, reconnu par la France en janvier 2001, toujours nié par l’Etat turc. Puis, la Shoah, l’extermination des juifs et des tsiganes d’Europe, planifiée et exécutée par le régime nazi. Au Cambodge, entre 1975 et 1979, le massacre d’un quart de la population par les khmers rouges. Puis le génocide rwandais de 1994, et ces centaines de milliers de  Tutsis exécutés par leurs voisins hutus. Nouveau siècle, nouveau millénaire, cet automne 2017, la minorité musulmane des Rohingyas subit un effroyable nettoyage ethnique en Birmanie.

Garder la mémoire de ces meurtres de masse pour faire entendre les mécanismes de la haine de l’autre, mais aussi ouvrir les yeux sur les discriminations et les haines ordinaires, toujours opérantes. Le racisme qui renaît spectaculairement aux Etats-Unis, où le meurtre d’un militant anti raciste par des suprématistes blancs n’a pas été condamné par le Président Trump. Ce même racisme qui empoisonne l’Europe autour de l’accueil des migrants. Mais aussi les violences faites aux femmes (en France, une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son compagnon), l’antisémitisme jamais éteint, (en avril dernier, le meurtre de Sarah Halimi rouée de coups et défenestrée qui fait écho aux tortures et au meurtre d’Ilan Halimi en 2006), ce quotidien révulsant de la haine, comment l’aborder, ne pas fermer les yeux, ni s’en repaître ? Comment accompagner les professeurs dans leur mission d’éducation ? Comment répondre aux questions de jeunes nourris des discours de haine qu’ils parcourent du bout des doigts sur Internet. Mission délicate pour les enseignants, je le sais. J’ai affronté cette question durant ma carrière dans un collège de banlieue. C’est ainsi que j’ai rencontré Mémoire 2000. J’utilisais déjà le cinéma comme support de réflexion. Autour de films majeurs, comme Sa majesté des mouches de Peter Brook qui clôture notre programme.

Mémoire 2000 propose un outil simple : une rencontre autour d’un film suivi d’un débat, au cinéma Etoile Saint-Germain, un mardi par mois. Après la projection, un débatteur, spécialiste du thème traité, donne la parole aux spectateurs et leur apporte un éclairage. Ainsi le 17 octobre David Chemla, fondateur de La paix maintenant  présentera le documentaire Promesses, dans lequel des enfants israéliens et palestiniens partagent leur vision du conflit. La réalisatrice Nadia El Fani présentera son film Laïcité inch Allah  tourné au début de la révolution en Tunisie, Jean-Claude Carrière animera le débat après La controverse de Valladolid dont il fut le scénariste. (Programme complet sur notre site) Pour compléter notre action, des visites de lieux de mémoire sont organisées. Le 16 novembre 2017, Mémoire 2000 accompagnera ainsi 3 classes et leurs professeurs au camp des Milles.

Dans ce XXIème siècle numérique, l’accès illimité à une information non vérifiée, l’accélération des messages qui nous avertissent en direct de ce qui survient en tous lieux, ne permettent pas de penser les mécanismes de rejet et de défiance. Au contraire, l’émotion immédiate prend le pas sur la réflexion. Mémoire 2000 propose un temps d’arrêt autour d’une œuvre pour débattre et rencontrer le temps long de la mémoire.

Par votre adhésion à Mémoire 2000, vous nous permettez de continuer notre action.

Jacinthe Hirsch, présidente par intérim

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s