Bernard Jouanneau, président-fondateur de Mémoire 2000, nous a quitté le 6 juin. Ses obsèques ont eu lieu le 12 juin en l’église St-Paul-St-Louis du Marais.
L’église était bondée, et les nombreux avocats et magistrats venus lui rendre un dernier hommage étaient en “robe”. C’était impressionnant et très solennel. Bernard aurait beaucoup aimé…
De nombreux hommages lui ont été rendus : voici ceux très touchants de ses filles Mathilde et Margaux.
Papa, Bernard, Maître Jouanneau
Le souffle coupé,
La gorge irritée,
Je viens ici célébrer ta mémoire et te rappeler quelques souvenirs :
Papa,
Tes M sont là :
Marianne, Martin, Margaux,
La même bouille !
Tes MA à toi.
Mes frère et sœurs chéris,
Tu laisses dans notre mémoire, vive et à vif, des souvenirs par milliers :
Je garderai :
La rue de l’Eglise et l’Avenue George V
Nos étés à Sainte-Maxime, et nos vacances en roulotte
Les trop nombreuses Eglises que tu nous as fait visiter
Ta musique sacrée
Tes repas de fêtes et tes déjeuners de Cabinet :
* les œufs à la truffe à la maison
* les homards en Bretagne
* les jambons italiens en Provence
* les beignets de fleurs de courgette à Chennevières
* ton pamplemousse le matin
Je garderai :
Tes dimanches studieux
Tes photos de notre enfance,
Ton retard à mon mariage… mais ton arrivée en hélicoptère
Tes 70 ans à Venise
La dernière fois que je t’ai vu, au théâtre, fier de nous, tes enfants et petits enfants comédiens
Bernard,
Tes amis sont là,
Tes frères et sœurs
Ceux qui t’aiment et que tu as aimés,
Maman, Christine,
Tes associés et tes collaborateurs, tes collaboratrices
Tes confrères, tes clients
Tes amis de combat : de la LICRA, de Mémoire 2000
Tu ne lâchais rien,
Ton combat pour les droits de l’homme et pour la reconnaissance des génocides,
Tu le menais à l’audience, à la maison, à Mémoire 2000, dans les collèges et les lycées,
Soucieux de transmettre aux enfants, à tes petits enfants, cette mémoire.
Tes amis nous ont témoigné leur douleur de te voir partir, ils nous ont fait part de l’admiration qu’ils avaient pour toi :
Ta force des lions et ta prudence des serpents
Ta puissance de travail
Ta générosité et ton sourire
Ton sens de la fête
Ta pugnacité et ton intransigeance
Maître Jouanneau,
C’est toi qui m’as appris mon métier,
Il n’y a pas de mauvais dossier, tu disais,
Cherche, tu vas trouver…
Papa, il y a des mauvais dossiers…
Marathon Plaideur,
A l’heure des courtes observations à l’audience,
De la gloire de la médiation,
On se souviendra longtemps de tes plaidoiries à la 17 ème Chambre, et à la Première !
De tes joutes à l’audience, jusqu’à l’épuisement !
Hier encore,
Monsieur l’huissier audiencier me parlait de ton talent et de son souvenir de l’audience avec Kiejman dans l’affaire du Théâtre des Champs-Elysées,
Madame la greffière de la 17ème évoquait avec émotion ton souvenir, cette “fougue pour faire progresser le droit, une recherche constante d’évolution, voire de révolution”.
Mesdames et Messieurs les magistrats, je sais que, si il a pu vous agacer, vous étiez sous le charme de son talent et de son éloquence.
Oui Papa, tu as fait avancer le Droit,
Le Droit d’auteur, le droit moral des auteurs, le droits des personnages de leurs œuvres :
Picasso, Claudel, Goscinny, Chtoukine, Manitas de Plata, Michel Polnareff, Lucien Clergue…..et j’en oublie tellement.
Tu te battais pour eux,
Mais tu te battais aussi pour les petits, les moins célèbres, les John Guez et le Théâtre de rue, pour ceux qui te devaient des briques et qui t’en avait donné UNE, UNE vraie bien rouge, dont tu étais si fier !
Tu te battais pour
Les droits de l’homme, de leur liberté d’expression, de leur image, et pour le droit à la Dignité de la personne humaine.
Notre enfance a été bercée par tes combats,
Et notre vie dirigée par ta détermination
C’est toi qui as fait condamner Jean-Marie Le Pen et son point de détail
Qui a lutté plus d’une décennie contre le négationnisme et son bras armé, Faurisson.
Tu es parti, ce 6 juin,
Le jour d’une nouvelle défaite de Faurisson
Tu es parti, ce 6 juin
Après la diffusion de L’Homme qui tua Liberty Valence, ce film que tu aimais tant
Tu es parti ce 6 juin,
Papa,
Berni,
On t’aime.
Repose en paix.
Mathilde Jouanneau