L’éditorial du journal d’Avril 2017: la voie des associations

Pas plus que les autres associations antiracistes, Mémoire 2000 n’a vocation à intervenir dans le débat politique. C’est la raison pour laquelle elle s’abstient de prendre parti dans le débat ouvert pour les élections présidentielles.

Il n’est pas question qu’elle change de position, sauf s’il s’agit de se dresser contre la menace que fait peser le Front National sur les valeurs que nous défendons.

Nous étions présents en 2002, sur la Place de la République lorsque cette menace s’est présentée pour la première fois avec la présence de Jean Marie Le Pen au deuxième tour des élections. Nous serions présents, avec la banderole si l’occasion devait se représenter avec Marine le 7 mai prochain.

Quels que soient les espoirs qu’elle suscite ou les désespoirs dont elle se prévaut, il est exclu que nous puissions rallier le Front National qui cultive et entretient l’hostilité à l’égard des immigrés et suspecte les réfugiés, en instaurant une discrimination que constitue la “préférence nationale”.

Mais en dehors de cette exclusive, les associations comme les nôtres doivent s’abstenir de prendre parti pour tel ou tel candidat. Est-ce à dire qu’elles ne peuvent profiter de l’occasion pour se faire entendre, alors que la loi leur donne la parole en justice au titre du droit de réponse, comme en présence de provocations à la haine raciale ? Si la campagne devait être l’occasion de dérapages de cet ordre, leur intervention serait justifiée. Mais tant qu’elle se bornera à présenter des projets ou des programmes, elles doivent s’abstenir, sauf à profiter de l’occasion que vont provoquer par la suite les élections législatives pour inciter les candidats à se préoccuper concrètement de la lutte contre le racisme et de la promotion des droits de l’homme.

L’accès à l’égalité et à la citoyenneté passe par les échanges avec les forces vives de la nation que sont les députés. On doit pouvoir compter sur les candidats pour susciter de leur part les réponses et les innovations attendues en la matière.

Ainsi par exemple :

*De la suppression du mot “race” dans notre législation dont on s’est borné à adopter le projet en 2013.

*De la rédaction anonyme des curriculum vitæ, pour la recherche d’un emploi.

*Des contrôles au faciès sans que l’identité de leurs agents puisse être relevée.

*De la détection et de la répression du négationnisme des génocides.

*De la mise en place effective de la “réserve citoyenne” et de la place que nous devrions occuper dans les établissements scolaires.

S’agissant de notre activité spécifique, qu’est-ce que Mémoire 2000 aurait à demander ?

*Que la provocation à la haine et à la violence raciale et le négationnisme soient traités comme des délits de droit commun et non comme une exception à la liberté d’expression.

*Que les discours racistes soient intrinsèquement considérés comme des délits en dehors même de toute injure, diffamation ou provocation.

*Que le parlement mette enfin en application la décision cadre du conseil des ministres de l’Union européenne du 28 novembre 2008 qui prévoit que devraient être poursuivis la négation, la banalisation grossière, la minoration outrancière comme la glorification et la sanctuarisation de tous les génocides, sans qu’il soit nécessaire d’établir qu’ils comportent un appel à la haine.

*Que les subventions accordées par les pouvoirs publics aux associations soient réparties en considération de l’intérêt et du mérite des actions qu’elles ont entreprises.

*Que les membres de l’enseignement (proviseurs, directeurs de collèges et professeurs), soient incités à accueillir dans leurs établissements les interventions des associations qui par leurs initiatives et actions culturelles, mémorielles développent les valeurs de la citoyenneté et de la laïcité.

*Que soient reconnus et mis en œuvre les droits universels de l’humanité et désigné par les Nations unies un représentant de l’humanité.

Toutes mesures qui ont été adoptées par l’assemblée générale de Mémoire 2000 dans le cadre d’un plan triennal en décembre 2016.

S’ils en étaient tous d’accord, il resterait à harmoniser les positions et à se faire entendre à l’occasion de la discussion et des travaux parlementaires à l’Assemblée Nationale.

Ainsi Mémoire 2000 participerait concrètement et utilement à la vie de la cité, sans pour autant prendre parti pour l’un plutôt que pour l’autre, tout en ayant voix au chapitre, en choisissant la bonne voie : celle des associations.

Bernard Jouanneau

 

 

 

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