Journal d’Octobre 2016: Disparition d’une conscience

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Elie Wiesel (1928-2016)

Le 2 juillet dernier, avec la mort d’Elie Wiesel, disparaissait tout un pan essentiel de la mémoire de la Shoah.

Tout le monde connait Elie Wiesel, son histoire, ses engagements.

Rescapé des camps nazis, il disait vouloir donner un sens à sa survie. Il le fit admirablement en devenant “le messager de la mémoire de la Shoah” d’une part, et une sorte de conscience universelle, ou “messager de l’humanité” d’autre part.

Son témoignage en 1987, au procès Barbie est exceptionnel. On n’y trouve aucune trace de haine ou désir de revanche. Simplement un profond souhait de justice et comme il l’a proclamé : “de rendre justice à la mémoire”.

A ses yeux : “une justice sans mémoire est une justice incomplète, fausse et injuste. L’oubli serait une injustice absolue au même titre que Auschwitz fut le crime absolu. L’oubli serait le triomphe définitif de l’ennemi… La dignité de l’homme: elle n’existe que dans la mémoire…”

Mais en plus de son inépuisable besoin de témoigner sur la Shoah, Elie Wiesel avait aussi “fait vœu” après la guerre, de “toujours et partout ou un être humain serait persécuté, de ne pas demeurer silencieux”. Il s’y est tenu.

Toute sa vie Elie Wiesel a été un infatigable “dénonciateur”.

Refusant de s’installer dans un système de pensée politique, psychologique ou théologique, il se méfiait du “confort intellectuel”. C’est cet inconfort qui a fait de lui un homme librement engagé contre l’injustice, l’indifférence et l’oppression d’où quelles viennent et qui qu’elles touchent. De l’Arménie, à la Bosnie, du Rwanda au Darfour…

Il craignait par dessus tout l’indifférence dont il disait qu’elle était “le mal”: “l’opposé de l’amour n’est pas la haine mais l’indifférence, l’opposé de la vie n’est pas la mort mais l’indifférence à la vie et à la mort”.

Cet homme “in-tranquille”, tourmenté, à la mémoire inquiète semblait toujours se demander si son message était bien passé et si son combat contre le mal avait servi à quelque chose. Mais ses doutes ne l’ont jamais rendu passif et seule la mort a eu raison de sa vigilance et de son attention aux autres.

Une voix essentielle s’est tue.

Il reste à espérer que d’autres voix prendront le relai et qu’elles ne laisseront pas le silence “encourager les persécuteurs” et les faussaires de tous genres.

Lison Benzaquen

 

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