Cofondateur de la LICA, et grand tribun, Lazare Rachline restera cependant étrangement silencieux sur son engagement et ses actions primordiales pendant la guerre. Actif dans la Résistance intérieure comme chef de la principale filière d’évasions de France, puis dans la résistance à Londres où il exerce des fonctions de direction importantes. Ses résultats lui donneront la totale confiance du Général de Gaulle, qui le nommera son représentant en lui confiant la mission “Clé” qui doit réorganiser “l’après libération”, au moment de l’insurrection d’août 1944 à Paris. C’est sa vie pendant la Seconde Guerre mondiale que son plus jeune fils explore, d’après des archives officielles et privées, et nous raconte avec un grand talent au point que ce livre captivant se lit d’une traite, sans jamais se lasser des figures célèbres qu’on y rencontre sous un jour familier.
Lazare Rachline avait en effet côtoyé et dirigé des hommes exceptionnels de la Résistance, mais il n’en avait jamais parlé et avait réintégré la vie civile dans la plus grande discrétion. Cet homme que le général de Gaulle appelait son ami et son compagnon, n’avait pas jugé utile de se faire reconnaitre comme tel ! Il disait à propos du capitaine Dreyfus “il y a une certaine grandeur à refuser les honneurs qui s’offrent, à rentrer dans le rang, indifféremment aux louanges comme aux honneurs”.
On est séduit par ce livre qui raconte la Résistance de manière vivante, et qui est en fait la recherche par son plus jeune fils d’un père, trop vite disparu ! Peut-être Lazare Rachline ne parlait-il pas, à cause de la grande blessure qu’avait été la mort de son frère Vila capturé par la Gestapo et fusillé le 10 juin 1944 à Lyon ? Quoi qu’il en soit il est bon que ce Résistant ignoré et méconnu soit dévoilé et mis en lumière alors que tant de “seconds couteaux” sont abondamment glorifiés et publiés.
Nicole Dorra
Mémoire 2000 