A propos du billet “Y aurait-il “victimes” et “victimes”?”, paru dans notre précédent numéro, nous avons reçu une remarque pertinente d’un de nos adhérents, M. Pierre Aron. Remarque qui pourrait provoquer un débat intéressant. Nous vous livrons donc cette remarque et vous incitons, si cela vous intéresse, à nous donner également votre avis.
“Ce n’est pas et de très loin la première fois que l’on remarque la sévérité bien plus grande des médias, de l’opinion à l’égard d’Israël que face à d’autres auteurs de crimes de guerre, d’atrocités, ou simplement de “bavures”, du meurtre d’innocents. Serait-ce une manifestation de l’antisémitisme? Je ne l’exclus nullement. Mais il est une autre interprétation possible. Nous sommes d’autant plus sensibles aux horreurs (ou même aux malheurs) que ces évènements nous sont géographiquement proches. Une épidémie de choléra à Haïti n’est pas ressentie comme si elle de produisait en France, en Europe. Des crimes au Kossovo soulèvent plus d’indignation, provoquent une réaction plus vive que ceux commis au Rwanda. Enfin il est un facteur déterminant, me semble-t-il: la proximité culturelle.
Israël fait (ou faisait) culturellement partie de l’Europe occidentale par sa démocratie, sa constitution, l’exercice de la justice, son économie enchâssée dans celle de l’Occident. Nous avons donc tendance à être aussi sévères par rapport à lui que nous le serions par rapport à nos voisins immédiats ou à nous mêmes. D’autant plus que le massacre de Peshawar a été commis par des “bandes de “terroristes” alors que se qui s’est passé à Gaza est le fait d’une armée que ses chefs ne manquent jamais une occasion de qualifier de “la plus morale du monde”. Le déséquilibre signalé par L.B. est-il alors à porter au débit d’Israël ou pas plutôt à son crédit, signe de l’exigence que nous avons vis-à-vis d’un peuple et d’un Etat “civilisés”?
Pierre Aron, membre de Mémoire 2000