Journal d’octobre 2014: pourquoi et comment on choisit ses victimes

Un des événements marquants de ces derniers mois aura été une manifestation de rue parisienne par solidarité avec les victimes de Gaza. Noble cause, effroyable tragédie, qui justifie pleinement une telle mobilisation. Mais qui pose aussi bien des questions, notamment sur le rôle des gouvernants, des partis politiques et des medias, qui souvent ont des intérêts communs.

Pour les politiques, monter en épingle certains événements participe de toute évidence à la chasse aux voix, car nos politiques, ne l’oublions jamais, sont des élus, et toute voix est bonne à prendre. Quant aux médias, la tyrannie de l’image et de l’émotion télévisée n’a pas de limites, et c’est pourquoi rien ne nous est épargné. Résultat : on privilégie certains sujets, on les impose littéralement, ignorant ainsi totalement d’autres problèmes, au moins aussi importants et douloureux, mais moins “porteurs” car plus éloignés de nous et de nos préoccupations quotidiennes : ainsi, les chrétiens d’Irak sont certes chrétiens, mais ils vivent loin du berceau européen de la chrétienté, ils sont de culture et de langue différentes. Alors, pour eux, pas question de descendre dans la rue, on préfère se précipiter au Stade Olympique de Rome pour un “match de foot inter-religieux” organisé par le Pape.

Que ce soit bien clair, je n’ai rien contre le foot, c’est même une de mes passions dévorantes, mais là, vraiment….Et tant qu’à rester dans un stade, évoquons plutôt le maillot de rugby rendu célèbre par Mandela et qui, lui, symbolisait la réconciliation de tous les éléments d’un même peuple. Sans compter que les causes dignes d’intérêt ne manquent pas, hélas ! Quid des 200.000 morts de Syrie, des victimes des roquettes du Hamas, des Noirs Américains discriminés et flingués, des Yezidis, des morts d’Ukraine et de Birmanie, des milliers de jeunes filles enlevées au Nigeria, et tant d’autres horreurs qui nous parviennent chaque jour mais ne suscitent aucune bousculade dans nos rues ? Il faudra bien que l’on m’explique les causes profondes de ce “deux poids et deux mesures”.

Pour nous abreuver d’images et d’informations, on force la dose, on joue sur l’émotion, si bien que l’on commémore à longueur d’année des drames, des guerres, des génocides, et jamais des événements heureux : mémoire négative, désespérante et déprimante, mais jamais positive : quand nous parle-t-on de Gandhi, de Mandela, de l’amitié franco-allemande hier impossible, de la paix revenue dans les Balkans, de l’éradication de certaines maladies graves ? En fait, on oublie tout simplement l’Homme, l’être humain, capable du pire, certes, mais aussi du meilleur. En privilégiant et en magnifiant certaines causes au détriment de toutes les autres, on se fait littéralement “balader” par des medias tout-puissants et des politiques accrochés à leur pouvoir qui nous imposent leur vision des choses. Quel exemple déplorable pour les jeunes, quel monde allons-nous leur laisser ?

Ainsi donc, 13.500 personnes, fanatisées religieusement et idéologiquement, parmi lesquelles d’inévitables “casseurs”, prétendent, en manifestant dans la rue, légitimer une cause qu’elles définissent comme la seule digne d’intérêt, boostées par des medias complaisants qui jouent avec la peur des masses. Avouons tout de même que, sur 65 millions de Français, c’est bien peu, mais néanmoins, cela voudrait refléter la pensée unique et générale ! De plus, ces manifestations de rue se répètent “en boucle” tout comme les bulletins d’informations radios et télés qu’on veut imprimer dans nos cerveaux. Voilà donc comment on occulte toutes les autres causes, au moins aussi légitimes, qui devraient autant que celle-ci nous mobiliser, dans un esprit d’équité et de justice. Or, on na rien vu de tel, hélas !!

Alors oui, c’est le moment de crier “Debout, les jeunes, et tous les autres ! Il est temps de vous réveiller ! Ne vous laissez pas entraîner sur ces pentes fatales et déshonorantes qui nous amènent à privilégier, à choisir certaines victimes plutôt que d’autres. Un être humain en vaut toujours un autre, on ne le criera jamais assez. Descendez donc dans la rue, et criez haut et fort que vous ne voulez pas de ce monde (qui, hélas, n’est nullement virtuel !).

Nos politiques n’ont rien compris, ils se complaisent dans l’injustice et l’impuissance, et nos medias bâtissent des fortunes sur nos peurs. Donnez-leur donc la leçon, une leçon de vie, car eux n’ont à vous offrir qu’une leçon de mort. Et montrez que vous savez penser par vous-mêmes, tout en respectant les lois de la République”.

Guy Zerhat

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