CŒUR DE TONNERRE
Séance du 16 avril 2013
Thème : les droits civiques aux USA
Débattrices : Nelcya Delanoë, Joëlle Rostkowski
En 1993, Mémoire 2000 avait projeté Cœur de tonnerre au Max Linder. 20 ans plus tard, Mémoire 2000 projette à nouveau ce film qui raconte à partir d’une histoire romancée, des faits qui se sont produits dans les années 70 à la réserve de Pine Ridge.
A la fin des années soixante dix, Raymond Levoi jeune et brillant agent du FBI (d’origine indienne) est chargé d’enquêter sur le meurtre d’un Soux Oglala, dans les Badlands dans le Dakota et d’aider le responsable local des affaires indiennes à appréhender le suspect n°1, chef d’un mouvement traditionnaliste et militant des Droits Civiques Indiens. Il va ainsi découvrir son peuple, ses origines.
Mémoire 2000 remercie Francis Geffard de nous avoir mis en relation avec Nelcya Delanoë et Joëlle Rostokski, qui se sont relayées pour répondre aux questions des élèves.
Ce fut un flot de questions – surtout posées par des filles. Nos débattrices répondirent aux élèves qui voulaient savoir les us et coutumes des Indiens, le lien entre les jeunes et les aînés, le choix du nom (qui n’est pas définitif), leur revendication dans l’histoire, la vie dans les réserves qui étaient autrefois étroitement surveillées, mais maintenant sont des territoires ouverts. Les Sioux Oglalas sont avec les Apaches les derniers résistants à la colonisation des blancs.
Au cours du dernier recensement, 5 000 000 de personnes se déclaraient Indiens dont certains ont des descendants de 2 ou 3 origines. La plupart des Indiens vivent dans les villes, et retournent dès que possible à la réserve. Il fallut attendre 1924 pour que les Indiens deviennent officiellement Américains. Au Canada, cela dépend des tribus. Aujourd’hui, les Indiens sont toujours aussi pauvres, ils revendiquent leurs droits, ils se font entendre face au chômage, à leur condition sociale, à leur place dans la société américaine. De plus, leurs terres sont situées sur des emplacements riches en minerais, en uranium, ou en gaz de schiste créant de nouveaux conflits.
Depuis 1970, officiellement la loi donne les mêmes droits aux Indiens et aux Américains (du moins en théorie), après tout dépend de la pratique face au chômage, à l’acculturation, au racisme, aux difficultés pour déposer une plainte, dénoncer un viol. Il y a cependant des avancées. Autrefois, les Indiens étaient empêchés de parler leur langue : le Lakota, alors qu’aujourd’hui on développe l’apprentissage de la langue. Les Lakotas ont des journaux, des télévisions, des radios et développent un cinéma indien.
Les Indiens se désignent par leur nom de Nation, ils préfèrent se nommer Amérindiens, Natives Americans ou Americans Indiens plutôt qu’Indiens qui pour eux est un mot colonial. En Amérique Latine, ils se nomment Indijinos : ce nom n’a pas le même sens qu’en France.
Nelcya Delanoë évoqua le travail d’infiltration du FBI face à l’American Indian Movement qui bénéficie de plusieurs comités en France. Elle évoqua le sort de Leonard Peltier condamné à 3 ans de prison pour le double homicide qu’il aurait commis sur des agents du FBI.
A la question d’une élève, Joëlle Rostokski évoque son travail d’historienne et d’ethnologue auprès de Indiens qui est de développer la connaissance de leurs arts par un travail avec des écoles et des universités internationales créant une synergie entre l’intérieur et l’extérieur de la réserve.
Après le débat de petits groupes discutèrent avec nos invitées et des contacts furent pris avec les professeurs pour d’éventuelles suites dans les établissements scolaires.
Patrick Grocq