Journal de Juillet 2012: compte-rendu de notre séance Cinéma-débat du 31 mai 2012

Film projeté : Le combat d’un homme

Thème : le Goulag

Débatteur : Marc Elie, historien

Témoin : Sonia Pancer

Marc Elie, chercheur au CERCEC (CNRS-EHESS), spécialiste de l’URSS, introduit le débat en resituant le film dans le contexte de l’époque: la guerre froide entre le bloc occidental et le bloc oriental. Il précise que ce n’est pas un film sur le Goulag à proprement parler mais sur la révélation du Goulag par Soljénitsyne. Tout le film est construit autour de la figure de Soljénitsyne et de son combat contre les instances officielles du parti communiste au pouvoir pour obtenir la publication de ses écrits.

Curieusement, Khrouchtchev en personne, alors premier secrétaire du parti communiste, autorisera la publication de son premier livre, Une Journée d’Ivan Denissovitch, qui décrit la vie dans les camps du Goulag. Devant la vague d’indignation soulevée par la découverte de la réalité des camps, il interdira toute autre publication des œuvres de Soljénitsyne. C’est en Occident que celles-ci paraîtront. Les éditeurs français de Soljénitsyne sont interviewés longuement dans le film. Ils nous brossent le tableau de la situation en France, le retard des intellectuels de gauche et communistes à reconnaitre le Goulag (“la cécité de l’intelligence”). Il faudra, non seulement le rapport Khrouchtchev en 1956, mais aussi l’écrasement de la révolte en Hongrie puis celle du Printemps de Prague pour que certains commencent à se poser des questions.

Puis notre témoin, Sonia Pancer, raconte l’épopée de sa famille. Juifs polonais, ils fuient la Pologne vers l’Est lorsque celle-ci est envahie par Hitler. Mais les Russes arrivent justement par l’Est et font déporter tous les Juifs en Sibérie. Les conditions de vie y sont terribles, le froid peut atteindre -40°. Grâce à la force et au courage de son père mis au travail forcé dans une mine de plomb, et à sa mère qui fait de la couture pour les femmes des surveillants, toute la famille survit. Après quelques mois de ce régime, les Juifs sont transférés en train en…Ouzbékistan. Après la guerre, la famille retourne en Pologne pour constater qu’ils ont perdu tous leurs biens et que les Polonais sont aussi antisémites qu’auparavant. Un long périple les mène enfin en France qui deviendra leur patrie, où ils découvrent les bienfaits de la laïcité et de la liberté. Sonia Pancer conclut en insistant auprès des élèves sur la grande chance que nous avons de vivre en France.

S’instaure ensuite un débat très animé. Les élèves posent des questions très pertinentes, en particulier sur la personnalité de Soljénitsyne dont ils connaissaient peu le rôle, le parcours et les œuvres, et sur le Goulag avec ses millions de morts.

La séance se terminera par la projection d’une interview de Soljénitsyne qui contribuera à fixer pour eux les détails de cette période si tragique du XX ème siècle.

Hélène Eisenmann

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