Chaque rentrée apporte son lot de surprises, polémiques et autres déclarations. Cette année c’est Guy Konopnicki, relayé par Claude Lanzmann qui est à l’origine de la (presque) polémique de la saison.
En effet, dans un article publié sur le net (aschkel.info) G. Konopnicki “révèle” qu’une circulaire parue dans le Bulletin Officiel de l’Education Nationale, préconisait pour le programme d’histoire de première, la suppression du mot “Shoah” et l’utilisation, à sa place, du mot “anéantissement”. Et Konopnicki de partir en guerre…
Informations prises, il n’y a pas de “directive”, mais simplement dans le Bulletin Officiel de septembre 2010, on peut lire à la rubrique : Guerres mondiales et espoirs de paix : “La Seconde guerre mondiale : guerre d’anéantissement et génocides des Juifs et des Tziganes” – rien de plus.
Cependant, il semblerait que des éditeurs (Hatier et Hachette) dans leurs manuels d’histoire auraient, eux, pris l’initiative de remplacer le mot Shoah par celui d’anéantissement. Ce retrait semble effectif dans certains manuels.
C’est sans doute cette découverte qui a fait réagir G. Konopnicki et écrire en réponse pour préciser ce que le mot Shoah apporte de plus à la compréhension de l’événement : le choix du mot Shoah, n’est pas un hasard mais il sert à désigner le caractère unique du génocide juif…et le fait que la désignation en hébreu de la Shoah, porte aussi la singularité du peuple juif, son retrait signifierait donc : le refus d’un traitement trop singulier, trop juif, ce qui revient à réduire la dimension singulière de l’événement à sa durée et à son ampleur…
Par ailleurs, concomitamment à l’absence du mot Shoah dans ces mêmes ouvrages, apparaît pour la première fois le mot “Nakhba”, terme miroir forgé par les Palestiniens pour nommer leur propre catastrophe : la création de l’Etat d’israël en 1948. Soit. Mais il semble qu’on ait omis de préciser qu’à cette époque les Arabes ont refusé le Plan de Partage proposé par l’ONU qui stipulait par la résolution 181, la création d’un Etat juif et d’un Etat arabe.
Ce genre d’omission et/ou d’interprétation des faits, fait dire à Konopnicki que, ces manuels fondent un nouvel enseignement du mépris et leur logique tient à la suppression non pas d’un seul mot, mais de deux : Shoah et Israël, et il parle aussi, en citant plusieurs exemples pris dans ces manuels de défiguration de l’histoire.
Les éditions Hachette auraient indiqué “qu’après lecture, il est apparu que certains passages contestables devaient être modifiés et qu’à l’occasion de l’impression, ils seront changés”. Ceci sans préciser ni le détail des passages, ni la teneur des modifications. (Le Monde de l’éducation).
Il ressort que Konopnicki n’a pas tout à fait tort de s’indigner et même s’il n’y a sans doute pas eu de circulaire pour demander la suppression du mot Shoah ou pour recommander une interprétation “négative” voire erronée de l’histoire de la création de l’Etat d’Israël, pourquoi alors, les rédacteurs et éditeurs de ces manuels se sont-ils sentis autorisés à le faire ? L’air du temps peut-être ?
Dans des pays comme l’Espagne, le Japon ou la Suède les ouvrages réalisés par une entreprise privée, ne sont introduits en classe qu’après autorisation des pouvoirs publics. Croyez-vous qu’il en soit de même chez nous et qu’il y ait le moindre contrôle ? Que nenni…
Ce sont les éditeurs qui “interprètent les programmes scolaires en toute liberté” selon le rapport de Dominique Borne, inspecteur général de l’Education nationale, qui ajoute que “les manuels sont conçus en fonction des vœux des professeurs plus qu’en fonction des souhaits de l’institution ou des besoins des élèves”. Nous voilà vraiment rassurés!!
Personne ne sort grandi de ce genre de polémique et moins encore l’Education Nationale dont le rôle est de veiller à prodiguer aux enfants un enseignement juste et objectif, et non pas à engendrer la discorde; ce qui ne semble pas être, en cette occurrence, tout à fait le cas.
Notre jeunesse ne mérite-t-elle pas mieux ?
Lison Benzaquen