Le film « Nuit noire » réalisé par Alain Tasma a été projeté lors de notre séance du 9 novembre 2010. Le débatteur était le réalisateur Alain Tasma.
Ce film d’Alain Tasma traite de la tuerie qui a eu lieu à Paris le 17 octobre 1961, durant laquelle de nombreux Algériens trouvèrent la mort, froidement abattus par les policiers français.
Ce film m’a touché par son objectivité, en effet, le réalisateur s’est appliqué à ne prendre partie pour aucun des deux camps. En suivant au fur et à mesure la vie de différents personnages (un policier, une journaliste, un travailleur algérien), le film nous montre de quelle façon fut vécu ce conflit entre le FLN, la police et les Parisiens. On assiste par exemple à l’assassinat en pleine rue d’un policier, par un membre du FLN, puis à celui d’un travailleur algérien par un groupe de policiers en civil. Cette façon qu’ont les deux camps de se rendre leurs coups nous force à nous interroger sur l’origine de ce conflit, et ne fait que renforcer notre incompréhension.
Le script ayant été écrit par un historien, les éléments de fiction ont été limités afin de se concentrer sur l’exactitude des conditions de l’époque et montrer la réalité des faits quant à cette tuerie du 17/10/61, dont on parle peu. Ceci est important car cela permet de transmettre à toutes les générations la mémoire de ces événements sombres au travers d’une projection divertissante.
Le spectateur évolue à travers le film dans une atmosphère pesante où l’être humain est montré sous son aspect le plus primitif : les personnages vivent dans la crainte et agissent par peur.
J’ai beaucoup apprécié cette projection, notamment par sa capacité à émouvoir. Le spectateur est partagé entre frustration et incompréhension tout au long du film (ex : le dépôt de déclaration de vol d’une camionnette par un Algérien). Le mal-être ressenti est parfois très fort, au point de se sentir gêné (ex: la scène de soumission d’un travailleur algérien par des policiers français).
Enfin, le film se termine tragiquement, fidèle à la réalité, laissant un sentiment amère au plus profond de soi.
Aurélien Djaafer.