http://www.auschwitz.org.pl/ Près de 70 ans après la seconde Guerre Mondiale, voilà que la Pologne par la voix de son ministre de la culture, souhaite que son nom ne soit plus associé aux camps de concentration et d’extermination sur Internet, et demande aux Musées d’Auschwitz et de Majdanek de remplacer le suffixe “pl” de l’adresse internet par “eu” ou “org”.
Qu’est-ce que cela signifie ? En gros que même si les camps étaient sur le territoire polonais, les responsables en étaient exclusivement les Allemands. C’est juste. Et on doit se rappeler que les Polonais ont payé un lourd tribut à la guerre (près de 3 millions de victimes).
Cela dit, il ne faut tout de même pas oublier que les Polonais se sont “presque” de tous temps montrés d’un antisémitisme militant et qu’ils n’ont pas vu d’un mauvais œil l’extermination des juifs, quand ils n’y ont pas participé.
Le problème avec Auschwitz n’est pas nouveau. Souvenons-nous il y a quelques années : les Polonais souhaitaient voir s’installer des Carmélites sur le site, diluant et brouillant ainsi la spécificité de ce camp.
Aujourd’hui il est question de “délocaliser” le camp, et de l’“héberger” ailleurs. Comme s’il s’agissait d’un endroit virtuel! En vérité en se débarrassant d’Auschwitz, la Pologne cherche avant tout à se débarrasser de sa responsabilité, de sa culpabilité.
La Pologne a mis beaucoup de temps à reconnaître l’implication d’une grande partie de sa population dans des crimes de juifs sous des formes diverses. Elle en a même demandé pardon en 2000, par l’intermédiaire de son président d’alors : Aleksander Kwiasniewski.
On aurait pu croire “l’affaire close” et les Polonais réconciliés avec leur passé. Apparemment il n’en est rien. La confrontation de la Pologne avec l’histoire de la Shoah demeure encore et toujours difficile et complexe et “l’obsession polonaise de l’innocence” dont parlait en 2002 l’anthropologue Joanna Tokarska-Bakir, semble toujours d’actualité.
Lison Benzaquen