Du racisme par anticipation…
Le Parisien
C’est une première dans le département.Cet après-midi, le tribunal correctionnel de Versailles juge une affaire de discrimination à l’embauche avec la Halde* comme partie civile.
Julien Constant | 08.03.2010, 07h00
Parce qu’il était noir, Jean-Vespa Njila-Njila n’a pas été embauché par une entreprise du secteur du bâtiment. Cet après-midi, le tribunal correctionnel de Versailles juge un entrepreneur de 68 ans pour avoir, en décembre 2006 à Élancourt, éconduit un candidat au poste d’ingénieur en raison de la couleur de sa peau.
Il s’agit de la première affaire de ce type dans les Yvelines où la Halde* est intervenue.
L’affaire commence lorsque le patron reçoit des curriculum vitae anonymes d’une agence de recrutement. Il convoque Jean-Vespa, architecte et ingénieur originaire du Cameroun, pour lui présenter le poste. L’entretien se passe très agréablement. Le courant passe bien entre les deux hommes. Mais à l’issue de la discussion, Jacques, le chef d’entreprise, lui dit qu’il ne l’embauchera pas, car il est trop qualifié mais, surtout, parce que ses ouvriers portugais n’accepteront pas d’être dirigés par un Noir.
Jean-Vespa se plaint à la Halde, mais le chef d’entreprise refuse toutes les tentatives de médiation et le dossier prend un tour judiciaire.
Jacques est entendu par les services de police et réitère ses explications, en soulignant qu’il ne dit que la vérité. « Je ne suis pas raciste, affirme-t-il devant les forces de l’ordre. J’ai déjà employé un Algérien pendant quelques mois et j’ai deux employés de couleur qui travaillent dans mon entrepôt. Mais ils ne sont pas en contact avec mes ouvriers portugais. »
Jacques confie qu’il ne souhaite pas prendre le risque de perdre ses ouvriers, qui sont très qualifiés. « Si vous les interrogez, évidemment, ils n’oseront pas dire ce qu’ils pensent vraiment », ajoute-t-il.
Les policiers auditionnent les deux employés noirs du dépôt, qui affirment qu’ils ne sont pas en contact régulier avec les ouvriers portugais et qu’ils ne peuvent attester de rien.
Aujourd’hui, Jean-Vespa Njila-Njila a trouvé du travail dans une société forte de 250 salariés, et il n’a aucun problème avec ses collègues d’origine portugaise…