« Les Citronniers » revu par Mathieu B.

Travaux d’élèves

Séance du jeudi 12 novembre 2009
Les Citronniers
Réalisé par Eran Riklis

C’est toute l’histoire du conflit du Moyen-Orient qui s’inscrit en filigrane dans Les Citronniers, le très beau film du réalisateur israélien Eran Riklis. Vous pouvez en lire le compte rendu de notre séance du 12 novembre 2009 ICI.

Suite à cette projection, nous avons reçu quelques textes rédigés par les élèves de la classe de 3ème A collège Pierre de Ronsard (Paris 17ème), que nous avons le plaisir de reproduire ici. Le thème proposé par leur professeur était le suivant : Salma et Mira se rencontrent et peuvent enfin se parler. Imaginez leur conversation.

Voici le texte de Mathieu B.

Les rayons du soleil ravivaient les couleurs des citronniers desséchés dont Salma ne pouvait plus s’occuper, ayant perdu l’accès à son verger grillagé. Cependant, ce jour-là, elle s’y infiltra afin de ramasser quelques fruits répandus sur le sol.

Le soldat du mirador ne s’occupait pas de sa présence et somnolait plus ou moins sur sa radio allumée. Alors que Salma se penchait, elle entendit quelqu’un qui frappait doucement le grillage. Elle prit peur d’abord, car elle s’imaginait qu’un militaire l’avait remarquée, mais elle regagna confiance en elle lorsqu’elle aperçut Mira Navon qui, derrière les mailles de la grille, lui demanda de s’approcher.

Les deux femmes se regardèrent longuement et, quand une certaine complicité se fut installée entre elles, Mira put engager la conversation : “Je ne vous dérange pas ? Commença-t-elle.
—Non, non, répondit Salma, après un court silence.
—Si je viens à votre rencontre, sachez que ce n’est pas pour vous critiquer, comme le font les miens et mêmes certains des vôtres à cause de leurs préjugés. Au contraire, poursuivit la femme du ministre, je désire vous parler afin que vous appreniez tout ce que je mettrai en ouvre pour vous protéger. En effet,par delà leurs différences, les Palestiniens et les Israéliens, doivent enfin s’entendre, se comprendre. Ils ne doivent plus tant se combattre, et certaines personnes parmi les deux peuples peuvent faire changer les choses.
—Où donc voulez-vous en venir ? Je peux me battre toute seule, cette affaire ne concerne que moi, et ne touche en aucun cas nos pays, déclara Salma d’une voix vive.
—Je vous comprends, interrompit l’ épouse du ministre, je vous comprends, dans votre douleur et votre tourment. Surtout, je sais que vous avez besoin pour que votre cause soit entendue, d’une oreille attentive. Les esprits raides de nos nations vont encore utiliser cette histoire pour raviver les tensions.
Nous sommes deux femmes, vous êtes forte et je sais m’exprimer : ensemble nous gagnerons ce procès, et après demain, à la Cour suprême je défierai s’il le faut, mon propre mari pour conserver votre dignité.
—Ma dignité repose dans mon combat, murmura Salma, et je gagnerai seule, s’écria-t-elle, révoltée. Je vous comprends aussi, je remarque chaque jour votre malaise face à la situation difficile que vit votre mari. Je sais bien que vous seriez entendue, mais alors votre pays quelle que soit l’issue du procès, vous rejetterait. Si vous vous mêliez à cette affaire, reprit Salma plus calmement, vous seriez bafouée, et les femmes ne doivent plus être traînées dans la boue. Les hommes vous écraseront car ils vous penseront faible. Je ne veux pas, insista Salma, que votre engagement se retourne contre vous. Vous avez une famille, une belle maison, il ne faut pas tenter le diable, et ces citronniers ne doivent que s’opposer à moi, jamais, jamais à vous.
—Salma, votre mari est décédé, vos enfants, je crois, se trouvent à l’étranger, vos revenus sont faibles et à ces difficultés financières s’ajoutent vos frais d’avocat. Si cette affaire, déjà quelque peu médiatisée toutefois, n’ouvre pas de nouveaux horizons aux rapports entre nos deux nations, au moins vous en ressortiriez avec plus de confiance et de courage, de confort également. Ma parole est celle d’une amie, et je vous défendrai gratuitement et vivement.
—Certes, mais cependant, rétorqua Salma, cette affaire va dans son sens, et je peux remporter le procès avec un peu d’énergie.
De plus, je ne pourrai vous remercier avec quelque cadeau.
—Votre cadeau sera de me laisser plaider à votre procès. Donnez-moi également le gage de votre amitié.
—Merci Madame Navon, et je veux bien être votre amie. Toutefois n’intervenez pas dans ce procès.
—Alors j’y serai quand même. Au revoir Salma.
—Au revoir.

Les deux femmes s’éloignèrent alors, l’une rassurée, l’autre heureuse de sa nouvelle amitié qui était née malgré ce grillage de fer sur lequel éclataient les rayons du soleil.

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