Coup de gueule
Azouz Begag, dont le livre Le Gone du Chaâba a inspiré un film plusieurs fois programmé par Mémoire 2000, est aujourd’hui candidat du Modem aux régionales.
C’est dans le contexte de cette campagne qu’il a fait un entretien avec le journal suisse Le Temps (lire ci dessous), dans lequel il a sorti une phrase proprement abjecte :
« Dans 10 ans, on sera entouré de Chinois, alors il faudra que l’on se serre les coudes, les Français, les Arabes et les Africains, afin de protéger notre identité. »
Que l’ancien ministre délégué chargé de la promotion de l’égalité des chances, poste auquel il était particulièrement inefficace (je me rappelle d’un reportage lorsque M. Begag, confronté à des preuves réelles de discrimination raciale patente, a simplement répondu que c’était illégal… donc il n’y avait rien à faire de sa part), un politicien qui a fait carrière sur son statut « d’intégré », sorte ces horreurs les rendent d’autant plus répréhensibles.
Non content de prôner un racisme « anti-chinois », M. Begag semble approuver une distinction entre « Français », « Arabes » et « Africains ». Celle-ci n’a aucun sens lorsqu’il s’agit, comme c’est manifestement l’intention dans les propos de M. Begag, de parler « d’identité française ». Donc les Arabes et Africains français partagent l’identité française, mais ne sont pas français ??? Alors que fait « l’Arabe » Begoug en tant que candidat à une élection française ? S’il estime qu’il appartient à une catégorie autre que française, comment peut-il prétendre à un statut réservé aux Français ?
M. Begag a tenté de se rattraper dans un entretien sur RMC, effort qui n’a fait que l’enfoncer.
Pour ma part, et au niveau de notre association, je m’opposerai à toute exploitation future de l’oeuvre de ce raciste. Et me demander comment il se fait que les associations antiracistes bien implantées n’aient pas cru bon poursuivre M. Begag. C’est sans doute plus facile de s’offusquer du raciste Hortefeux que du raciste Begag. Et pour sa carrière politique, j’espère que cette tentative de séduction des électeurs racistes et xenophobes de la région Rhône-Alpes n’aura pas l’effet voulu pour M. le Ministre…
— Marc Naimark
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FRANCE Lundi21 décembre 2009
Identité nationale: les leçons de français d’Azouz Begag
PAR CHRISTIAN LECOMTE, PRINGY
Issu de l’immigration, l’ancien ministre de Jacques Chirac, devenu candidat centriste, apporte sa contribution critique au débat
Salle du chef-lieu à Pringy (près d’Annecy) en fin de semaine passée. Cent vingt personnes assistent à une réunion publique d’Azoug Begag. L’ancien ministre chargé de la Promotion de l’égalité des chances de 2005 à 2007 est aujourd’hui le candidat du MoDem (Mouvement Démocrate, centre) à la présidence de la région Rhône-Alpes pour les élections de mars 2010. Il bat «les campagnes et montagnes» avec visiblement beaucoup de plaisir. Les nombreux dérapages racistes qui polluent le débat sur l’identité nationale voulue par Nicolas Sarkozy tombent, il est vrai, presque à pic pour ce Lyonnais d’origine algérienne adepte de la «discrimination positive» et défenseur acharné des banlieues.
«Franchouillard xénophobe»
Lui-même a grandi dans un bidonville. Il a écrit en 1986 le très remarqué Gone du chaâba, un récit d’enfance dans les cités. Celui qui décrochera un doctorat en économie sur le thème «L’immigré et la ville» et deviendra sociologue va ensuite publier une vingtaine d’autres ouvrages dont en 2007 Un mouton dans la baignoire, titre qui reprend des propos de Nicolas Sarkozy fustigeant les pratiques de certains musulmans.
Le chef d’Etat français est désormais la cible de toutes ses attaques. «Racaille, Kärcher, voilà des mots qui maltraitent la langue française, qui outragent son identité, lâche-t-il. Moi, j’ai pris goût à cette langue avec Brassens, Brel et Aznavour.» Il rend hommage à son père émigré en France en 1947, «analphabète et unité de main-d’œuvre toute sa vie» qui lui martelait que son unique devoir était «d’être le meilleur des meilleurs à l’école». Il le fut tout en se posant la question du devenir «des 39 autres de la classe». Pour y répondre, Azouz Begag combinera des fonctions de chercheur au CNRS et d’enseignant. Puis de politicien.
C’est Dominique de Villepin, alors premier ministre de Jacques Chirac, qui le fait entrer au gouvernement en 2005. Mais entré en conflit ouvert avec Nicolas Sarkozy qui le surnomme «Vidéo Begag» et l’actuel ministre de l’intérieur Brice Hortefeux, «ce franchouillard xénophobe qui, pendant le Conseil des ministres, mimait le geste de m’égorger», Azouz Begag démissionne deux ans plus tard pour ne pas perdre son âme. «J’ai dit au revoir à mes 13 000 euros (19 500 francs) mensuels, à la voiture officielle, j’ai pris le train et je suis rentré à Lyon» raconte-t-il. «Etre Français, justifie-t-il, ce n’est pas flatter le FN (Front National, extrême droite), c’est dire non comme le fit le résistant Jean Moulin face au nazisme ou de Villepin lorsqu’il déclara en 2003 à la tribune de l’ONU qu’il ne fallait pas aller faire la guerre en Irak.»
«Monsieur l’émir»
Ce soir-là en Haute-Savoie, il ne sera en fait que peu question de son programme pour la région Rhône-Alpes. Le candidat centriste souhaite d’abord, le temps d’une campagne, s’ouvrir à tous les citoyens «comme je le fis dans ce labo à ciel ouvert que sont les banlieues». Il veut rencontrer ceux des alpages «qui ont voté à 23% pour le FN» et «les 80% de jeunes de moins de 25 ans qui ne sont pas allés voter aux dernières élections européennes». «Je veux aller parler directement avec ceux qui choisissent Le Pen à cause des Arabes qui volent les autoradios ou qui veulent construire des minarets à Zurich ou Lausanne», annonce-t-il.
La Suisse? Ironique, il montre son costume et réajuste sa cravate: «Lorsque je suis à Genève, les boutiquiers m’appellent Monsieur l’émir, je suis une source de profit, je n’ai pas de casquette à l’envers même si papa était prolo.» Et conclut: «Dans 10 ans, on sera entouré de Chinois, alors il faudra que l’on se serre les coudes, les Français, les Arabes et les Africains, afin de protéger notre identité.»