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23 Avril 2009 Par Yolaine Maillet
Trois Irlandaises poursuivent l’Etat irlandais devant la Cour européenne des droits de l’Homme à Strasbourg pour « violation de leurs droits humains » en les forçant à aller avorter à l’étranger et en restreignant leur droit aux soins post-opératoires.
C’est une première en Irlande où la Constitution interdit le droit à l’avortement sauf si la santé physique et/ou mentale de la mère est en danger. Dans ce cas précis – et uniquement dans ce cas – la mère est autorisée par la loi irlandaise à se rendre à l’étranger pour avorter.
Les trois femmes – dont les noms sont gardés secrets – demandent à la Cour européenne des droits de l’homme de statuer sur l’admissibilité d’un recours contre l’Etat irlandais. Le Planning familial irlandais leur apporte tout son soutien et affirme qu’une décision européenne en leur faveur pourrait obliger le gouvernement à modifier la loi irlandaise sur l’avortement.
Le mouvement irlandais pro-life, Pro-Life Campaign – a aussitôt riposté. Son porte-parole a rappelé hier que l’Irlande « est un pays plus sûr, quand on est enceinte, que d’autres pays comme la Grande-Bretagne ou la Hollande où l’avortement sur demande est autorisé ». Il a continué : « Au lieu de chercher à imposer l’avortement dans ce pays, le Planning familial irlandais devrait respecter l’ethos pro-life de l’Irlande […] »
Jusque dans les années 2001-2002, des bateaux-cliniques, affretés par le mouvement néerlandais Women in Waves, naviguaient régulièrement au large des côtes irlandaises pour permettre aux femmes d’avoir recours à un avortement en toute sécurité.
En 2002, les Irlandais disent non, de justesse, à un référendum visant à renforcer l’interdiction du droit à l’avortement. Ce nouvel amendement n’aurait autorisé l’avortement à l’étranger qu’en cas de danger physique imminent pour la vie de la mère. Le principe de « risque pour la santé mentale » de la mère a ainsi été gardé.
Les trois Irlandaises se battent pour que soit reconnu leurs droits d’être humain. Elles accusent la loi irlandaise d’avoir mis en danger leur santé physique et mentale en les obligeant à voyager hors de leur pays et en les privant de soins une fois rentrées chez elles. « Voyager à l’étranger a fait peser sur nous une contrainte physique, émotionnelle et financière énorme. Les restrictions légales ont aussi été la cause de délais et de problèmes pour chacune d’entre nous – ayant comme résultat des avortements tardifs, plus risqués », ont-elles précisé.
Le Pro-Life Campaign, mouvement pro-life irlandais, est représenté aux audiences concernant ce cas à la Cour européennes des droits de l’homme.
Il faut rappeler que le 18 mars 2008, la commission pour l’égalité de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE) a rendu public un rapport invitant tous les Etats-membres à dépénaliser l’avortement.
Le rapport mentionnait explicitement les pays membres du Conseil de l’Europe qui n’avaient pas encore appliqué cette disposition dans leur législation nationale : Andorre, Malte, Pologne, Monaco et Irlande.